L’ÉLEVAGE SANS CRUAUTÉ? REGARDEZ DE PLUS PRÈS
Si vous êtes tentés de croire que les produits d’origine animale sont sans cruauté, ou pourraient l’être, prenez le temps d’y réfléchir. Même si les animaux ont été « bien traités » durant leur vie écourtée (une impossibilité économique, comme expliqué ci-dessous), le fait de leur esclavage et de leur exploitation demeure. Lorsque certains affirment que l’élevage ou l’utilisation des animaux peut se faire « sans cruauté », la question à leur poser n’est pas : « Comment les animaux esclaves sont-ils traités durant leur courte vie? » , mais « Pourquoi sont-ils là en premier lieu? ». Pourquoi continuons-nous de faire naître les animaux pour les asservir de force (à une autre espèce, rien de moins)? Pourquoi considérons-nous leurs corps, leurs familles et leurs communautés comme des objets d’usage humain? Pourquoi pensons-nous que le lait maternel des mères d’autres espèces est un aliment pour les humains (les humains adultes en plus)? Pourquoi considérons-nous que les systèmes reproducteurs des femelles d’autres espèces sont à exploiter (pour un simple goût)? Pourquoi considérons-nous les autres animaux comme notre propriété? Il n’y a rien d’éthique, d’humain, d’honorable ou le moins du monde excusable dans l’exploitation d’êtres sans défense, et ce, pour la gratification sensorielle d’êtres plus puissants. S’il vous plaît, prenez un moment pour apprendre ce que les animaux sont obligés de vivre pour devenir les produits étiquetés « viande sans cruauté », « produits laitiers biologiques » et « œufs de poules en liberté ».
CES PRATIQUES NORMALISÉES PEUVENT-ELLES ÊTRE CONSIDÉRÉES COMME HUMAINES?
1. LE MASSACRE DES ENFANTS « DÉCHETS »
Chaque nouveau cycle de production commence par l’élimination des individus « non rentables ».
Qu’il s’agisse d’une ferme industrielle, en plein air ou biologique, d’une ferme familiale ou artisanale, la même règle du profit s’applique : dès qu’un animal est jugé « non rentable », il est tué. Ce processus de tri commence avec chaque lot de nouveau-nés et se poursuit tout au long de leur courte vie.
La production d’œufs commence par l’abattage en masse de coqs (poussins mâles). Parce qu’ils ne peuvent pas pondre d’œufs, les coqs sont inutiles pour le producteur d’œufs et sont tués peu après l’éclosion. Chaque année, 200 millions de poussins mâles sont tués dans les écloseries américaines par suffocation ou macération (broyés vivants). Pratiquement toutes les poules utilisées dans toutes les formes de production d’œufs, des « poules en liberté » à celles dans les élevages à grande échelle, en passant par les fermes artisanales, proviennent des écloseries qui tuent tous les poussins mâles. Les agriculteurs qui éclosent leurs propres poussins tuent les coqs à la ferme.
La production laitière commence par l’abattage des bébés mâles. Parce que les mâles ne produisent pas de lait, ils sont inutiles pour le producteur laitier et ils sont arrachés à leur mère endeuillée peu après leur naissance. Les mâles en bas âge et les femelles « excédentaires » sont soit tués les premiers jours de leur vie, soit vendus aux abattoirs après avoir été engraissés, loin de leur mère, pendant 4 à 6 mois.
La production de viande commence par l’abattage de nourrissons « non rentables ». Les couvoirs jettent des millions de poussins de chair, de dindonneaux et de canetons « excédentaires » et « défectueux » dans les mêmes bennes que les coquilles d’œufs dont ils sont sortis quelques heures plus tôt. Les éleveurs de porcs tuent régulièrement les plus petits porcelets de chaque nouvelle portée à un ou deux jours, parce que ces « avortons » sont considérés comme peu susceptibles d’atteindre le « poids du marché » à la date d’abattage souhaitée. Les animaux malades ou blessés peuvent être tués à tout moment avant d’être envoyés à l’abattoir parce qu’il est moins coûteux de les abattre que de les traiter.
Les mêmes calculs de profits régissent la vie de tous les animaux exploités pour leur chair, leur lait, leurs œufs, leur laine, leur peau ou leurs plumes, dans les petites et les grandes fermes. Si l’« indice de consommation » d’un animal n’est pas rentable (c’est-à-dire la capacité de produire la quantité attendue de chair, d’œufs, de lait ou de laine à un coût alimentaire réduit), il est rejeté par les moyens les moins coûteux possible.
Les bébés mâles et les femelles « excédentaires » nés dans des fermes laitières sont soit tués peu après leur naissance, soit vendus à des abattoirs pour devenir de la viande de veau ou vendus aux enchères à des producteurs pour être abattus six mois plus tard. Les porcelets « avortons » de chaque nouvelle portée sont tués. Le PAC (Pounding Against Concrete, ou « martèlement contre le béton ») est une pratique courante qui consiste à tenir les porcelets par leurs pattes arrière et à frapper leur tête contre le sol.
Les frères des poules « pondeuses » sont macérés (broyés vivants) ou suffoqués quelques heures après l’éclosion. Les dindonneaux et poussins de chair « excédentaires » sont tués à l’écloserie avant même d’arriver à l’installation de « grossissement ».
2. MUTILATIONS COURANTES
Qu’ils soient élevés dans de petites fermes familiales ou dans des élevages industriels, les animaux domestiqués sont régulièrement mutilés sans anesthésie. La plupart des dindons et des poules pondeuses se font amputer le bec à l’aide d’une machine à lame chaude qui coupe dans l’os, le cartilage et les tissus mous, ce qui entraine une douleur aigüe et souvent la mort, et laisse les survivants défigurés avec de la douleur à vie qui ressemble à la douleur au membre fantôme chez l’humain. Beaucoup de dindons se font couper les orteils.
Les taureaux se font couper les cornes et leurs testicules sont retirés du scrotum. Bon nombre sont marqués avec un fer extrêmement chaud, entraînant des brûlures au troisième degré.
Les cochons se font souvent tailler les dents jusqu’à la limite gingivale, leur queue est coupée, leurs oreilles sont entaillées et certains ont des anneaux introduits de force dans le nez afin de les empêcher définitivement de fouir dans l’herbe et la boue.
Les poules pondeuses âgées d’un jour se font débecquer avec une lame chaude.
La plupart des dindons récemment éclos se font amputer le bec et les orteils.
Les veaux sont écornés, bon nombre d’entre eux sont marqués au fer chaud et les mâles sont castrés. Les cochonnets se font couper les dents jusqu’à la limite gingivale, entailler les oreilles et couper la queue. Les mâles sont castrés. Toutes ces procédures atroces sont réalisées sans anesthésie.
3. GROSSESSE FORCÉE
L’élevage d’animaux de tout type et de toute échelle, des fermes industrielles aux exploitations artisanales, implique des violations horribles associées à l’exploitation brutale des systèmes reproducteurs des animaux. L’agriculture n’existerait tout simplement pas sans la reproduction et la naissance en continu. Pour mettre enceinte de manière fiable chaque femelle « reproductrice », l’insémination artificielle est nécessaire. Afin de maintenir une production laitière ininterrompue, les vaches doivent être mises enceintes et donner naissance à un veau chaque année. Pour féconder une vache de force, il faut passer un cathéter inséminant à travers les plis en spirale de son col, puis dans son utérus. L’appareil de contention utilisé est communément appelé “rape rack”, soit « rack de viol ». Les vaches « laitières » sont inséminées à nouveau de deux à trois mois après l’accouchement, lorsqu’elles sont encore en lactation pour le bébé qu’elles n’ont jamais été autorisées à allaiter. Pendant leur courte et misérable vie, elles sont soumises à des cycles annuels de viol, de grossesse, d’accouchement et de deuil avant d’être considérées comme « hors d’usage », c’est-à-dire qu’elles sont incapables de produire suffisamment de lait pour être rentables, puis elles sont abattues de manière atroce.
Les dindes domestiquées ont été génétiquement manipulées pour devenir si grosses et déformées qu’elles doivent être artificiellement inséminées pour se reproduire. Cette procédure consiste à saisir la dinde terrifiée, à la tenir à l’envers, et à insérer une seringue hypodermique dans son vagin afin d’introduire du sperme recueilli par la force dans son oviducte. Elle sera victime de cet abus au moins une fois par semaine, semaine après semaine, jusqu’à ce qu’elle soit considérée comme « hors d’usage » et envoyée à l’abattage.
Les truies utilisées pour la reproduction sont fécondées à nouveau de trois à huit semaines après qu’on leur ait enlevé leurs bébés, qui seront engraissés pour l’abattage. Après avoir été forcées à souffrir pendant trois ou quatre ans de grossesses forcées, suivies de séparations traumatisantes de leur famille, les mères connaitront la même mort brutale que leurs enfants. Les chèvres et les brebis utilisées pour la reproduction subissent le même cycle de grossesse forcée, d’accouchement et de séparation avant d’être elles-mêmes abattues à une fraction de leur durée de vie naturelle.
Les dindes sont forcées à endurer la maltraitance qu’est l’insémination artificielle au moins une fois par semaine, semaine après semaine, jusqu’à ce que leur production d’œufs diminue. Lorsqu’elles sont considérées comme « hors d’usage », elles sont envoyées à l’abattoir.
Les vaches inséminées de force se font insérer un bras loin dans le rectum afin de positionner leur utérus. Ensuite, un instrument est inséré dans leur vagin pour livrer le sperme par le col dans l’utérus. Enfoncé trop profondément, l’instrument peut causer des blessures, ce qui arrive souvent.
De nombreuses brebis sont mises dans des dispositifs de contention appelés par euphémisme « berceaux » et soumises à une insémination vaginale artificielle ou par laparoscopie.
4. PRIVATION MATERNELLE ET SÉPARATION FORCÉE DE LA MÈRE ET DE L’ENFANT
Qu’elles soient élevées dans de grandes fermes ou de petites fermes familiales, les femelles domestiquées devenues mères affrontent la même triste réalité : leurs enfants appartiennent à quelqu’un d’autre. Peu importe à quel point elles chérissent leurs bébés ou à quel point elles luttent désespérément pour les protéger, elles n’ont aucun pouvoir sur l’avenir que leur enfant sera forcé à endurer.
Si les enfants sont destinés à être de la viande, ils seront enlevés à leur mère bien avant la fin du sevrage et ils seront engraissés pour l’abattage dans des enclos séparés, ou envoyés dans des parcs d’engraissement avec d’autres jeunes orphelins, tandis que la mère sera à nouveau inséminée de force et se verra, encore et encore, retirer l’enfant qu’elle aime.
Si la mère fait partie des millions d’oiseaux dont les œufs fécondés sont incubés dans des écloseries où on élève des poulets pour la viande ou les œufs, elle n’aura jamais l’occasion de voir ses bébés. Chacun des 90 milliards d’œufs produits aux États-Unis chaque année provient d’une poule à qui on a refusé la liberté d’élever ses petits.
Si la mère est utilisée pour la production de lait, chacun de ses bébés lui sera enlevé peu après la naissance et n’aura pas accès à son lait. La séparation est aussi dévastatrice pour la mère que pour l’enfant. Certaines vaches mères essaient de combattre leur agresseur, d’autres essaient de protéger leur bébé avec leur propre corps, d’autres poursuivent frénétiquement le camion, d’autres pleurent de détresse et d’autres se retirent dans un désespoir silencieux. Certains suivent leurs gardiens en toute confiance pour revenir et trouver un enclos vide. Elles implorent toutes leurs bébés dans une langue qui n’a pas besoin d’être traduite : elles pleurent, elles beuglent. Beaucoup continuent d’appeler leurs bébés pendant des jours et des nuits. Certaines cessent de manger et de boire. Elles cherchent désespérément leur enfant. Nombreuses sont celles qui refusent d’abandonner et retournent sans cesse à l’enclos vide. Certaines sombrent dans un chagrin silencieux.
Leurs filles sont élevées en isolement pour les remplacer dans la chaîne de production. Certains de leurs fils sont tués immédiatement. De nombreux autres sont massacrés pour produire du « veau » après quatre à six mois de vie sans leur mère. Lorsque ces orphelins sans défense sont entraînés sur le plancher de la mort, ils cherchent toujours leur mère, ils ont désespérément besoin de sa présence, surtout en cette période sombre où ils sont terrifiés et ont besoin de protection plus que jamais, au milieu des scènes terribles, des bruits et des odeurs de mort autour d’eux. Dans leur désespoir, dans leur désir d’un brin de consolation et de protection, beaucoup de ces enfants essaient de téter les doigts de leurs assassins.
• Pour une femelle utilisée pour la production de lait, la seule expérience de maternité est de pleurer la perte de chaque bébé auquel elle donnera naissance.
• Privé de sa mère quelques heures après la naissance, un veau né d’une vache « laitière » cherche désespérément à téter.
• Une chèvre « laitière » pleure le bébé qui lui a été enlevé.
• Nés dans des incubateurs pour la production d’œufs ou de viande, aucun de ces poussins ne connaîtra sa mère.
• Les porcelets âgés de quatre à huit semaines sont séparés de leur mère et envoyés à des installations d’engraissement pour l’abattage. Dans la nature, ils sont sevrés vers l’âge de trois ou quatre mois et demeurent près de leur mère pendant un à trois ans.
5. L’ABATTAGE MASSIF DE FEMELLES « HORS D’USAGE »
Toutes les fermes, grandes et petites, rejettent les femelles utilisées pour la reproduction, les œufs et le lait lorsque leurs corps épuisés ne peuvent plus produire suffisamment d’œufs, de lait ou de bébés pour être rentables.
Les poules utilisées pour la production d’œufs sont tuées lorsque leur taux de ponte diminue, habituellement dans les deux ans. Souvent, les corps des poules « épuisées » sont tellement ravagés que personne ne les achète, et on s’en débarrasse par les moyens les moins coûteux possible. Elles sont gazées, broyées pour en faire de l’engrais, décapitées dans la cour arrière ou tout simplement envoyées dans un site d’enfouissement.
Leurs parents, les oiseaux en captivité qui produisent les œufs fécondés dont ont besoin les écloseries, sont forcés de s’accoupler ou sont artificiellement inséminés, encore et encore, jusqu’à ce que leur corps soit trop endommagé pour être rentable. Par la suite, ils sont transportés et abattus de manière atroce.
Les vaches et les chèvres soumises au cycle sans fin du viol, de la grossesse, de la naissance et du deuil qu’on appelle « production laitière » sont expédiées à l’abattage dès que leur production de lait tombe sous la marque de rentabilité et que leur corps épuisé est considéré comme « hors d’usage ». La plupart de ces jeunes mères arrivent à peine à l’âge adulte. Toutes sont encore en lactation. Beaucoup sont enceintes.
Les truies, vaches, brebis et chèvres mères forcées de donner la vie à des bébés qui seront tués pour la production de « viande » sont vendues aux abattoirs quand leur corps devient trop usé. À ce stade, après plusieurs cycles d’insémination, de grossesse, de naissance et de séparation forcée de leurs petits, elles produisent de plus petites portées, des bébés plus petits ou manquent un cycle de naissance prévu. Ce sont toutes de jeunes adultes.
Lorsque leur production d’œufs diminue, les poules pondeuses sont considérées comme « hors d’usage ». Elles seront rejetées par les moyens les moins coûteux qui soient, pour ensuite être remplacées par de nouvelles victimes plus jeunes et plus « productives » dont les frères ont été tués à l’âge d’un jour.
Lorsque leurs corps épuisés deviennent incapables de produire du lait à un rythme rentable, les vaches et les chèvres mères encore en lactation utilisées pour la production laitière sont vendues à l’abattoir. Beaucoup sont enceintes. Lorsque leur fertilité diminue, les jeunes volailles, truies, vaches, brebis et chèvres mères dont les bébés ont été abattus pour la viande sont elles-mêmes tuées.
6. LE MASSACRE DES JEUNES
Qu’elles soient tuées dans leur propre cour par les gens en qui elles avaient confiance ou hachées en morceaux dans un abattoir lointain, où elles sont traînées sur le plancher de la mort après avoir enduré l’angoisse prolongée des enchères et du transport, toutes les jeunes victimes de notre appétit sont tuées violemment, inutilement et froidement.
Aucun de ces jeunes êtres ne veut mourir, aucun d’entre eux ne mérite de mourir, aucun d’entre eux n’a à mourir pour que nous puissions vivre et nous épanouir. Et pas un seul d’entre eux ne vit sa propre mort brutale et prématurée comme « humaine ». Ils savent tous qu’ils vont être blessés, qu’ils vont mourir, et ils sont tous terrifiés. Certains tremblent de façon incontrôlable, d’autres figent sous l’effet de la terreur, d’autres perdent le contrôle de leurs viscères et vomissent dans la peur. Ils luttent tous désespérément pour s’échapper, ils implorent tous la miséricorde qui ne viendra jamais, ils s’accrochent tous à leur jeune vie jusqu’au dernier souffle. Quel que soit le type d’installation où ils sont élevés, des fermes d’agrément ou des exploitations industrielles, les animaux élevés pour leur chair sont tous tués à un très jeune âge.
Les poulets de chair sont décapités vers l’âge de 40 ou 50 jours, si jeunes qu’ils piaillent encore de leurs voix de bébé. Les dindons sont abattus entre deux et quatre mois, alors qu’ils sont à peine adolescents. Les porcs et les agneaux sont tués brutalement à l’âge de six mois, alors qu’ils agissent, pensent et jouent comme des « chiots ». Les plus vieilles chèvres tuées pour la viande sont des animaux d’un an, les plus jeunes sont des nourrissons âgés de 4 à 12 semaines. Les jeunes bœufs sont tués entre 12 et 15 mois; à cet âge, dans la nature, ils sont encore très proches de leur mère.
À l’échelle mondiale, 56 milliards d’animaux terrestres sont massacrés chaque année pour combler l’appétit des humains. 56 milliards de jeunes vies, tournées en ridicule par le terme « viande ». Ces êtres sont démembrés pour le plaisir d’une soirée, cuits, croqués puis évacués par les égouts. Chacun est une fille, un fils, une sœur, un frère, une mère, un ami. Chacun d’entre eux a un esprit, un cœur, un langage, une mémoire, et sa vie a un sens qu’il ou elle comprend bien. Chacun est un être qui tient à sa vie autant que vous et moi.
par Joanna Lucas