Les œufs de poules domestiques

Les œufs de poules domestiques

Quel est le problème avec les œufs produits à la maison?

La popularité croissante de l’agriculture urbaine amène de plus en plus de personnes à avoir de petits élevages dans leur cours arrière, croyant qu’en élevant leurs propres poules, ou en en adoptant, et en leur garantissant les normes de bien-être les plus élevées, il est possible d’éliminer la souffrance inhérente à la production d’œufs. La triste réalité est que, quelle que soit la façon dont les poules pondeuses pourraient être traitées tout au long de leur courte vie, elles restent le produit d’une grande cruauté intentionnelle qui leur est uniquement infligée parce que les gens veulent consommer des œufs.

Cette cruauté masquée implique la misère des parents captifs qui sont élevés froidement avant d’être tués lorsqu’ils ne sont que de jeunes adultes, le meurtre en série de la progéniture « non rentable » des poules (les poussins mâles ainsi que les poussins femelles « défectueuses »), des sélections génétiques créant des handicaps invalidants au nom de la surproduction d’œufs, une courte vie dans un environnement social et biologique réduit, ainsi qu’une mort prématurée et horrible. Consommer des œufs, même de poules rescapées, c’est légitimer et perpétuer cette souffrance.

Si vous avez été amené à croire que la production d’œufs à la maison est une option humaine, ou que la consommation d’œufs de poules rescapées peut être éthique, posez-vous ces questions :
1. D’où viennent les poules?
2. Où sont leurs frères?
3. Où sont leurs parents?
4. Qu’arrive-t-il au corps des poules après avoir été génétiquement manipulé pour produire un nombre anormalement élevé d’œufs anormalement gros?
5. Qu’advient-il des poules lorsqu’elles cessent de pondre des œufs à un taux rentable?
6. Pourquoi les poules sont-elles séparées de leur environnement naturel et privées d’une vie naturelle?
7. Pourquoi considérons-nous les poules et les autres animaux comme des aliments, ou comme une source de nourriture?

1. D’OÙ VIENNENT LES POULES?

La plupart des amateurs qui élèvent des poules à la maison commandent leurs poussins des mêmes écloseries qui approvisionnent les fermes industrielles.

Des 500 millions de poussins qui éclosent chaque année aux États-Unis pour la production d’œufs, 500 millions se voient refuser les soins, la chaleur et la protection de leur mère. Les poussins sont incubés dans des tiroirs en métal où la communication complexe et constante entre la mère et ses embryons en croissance est remplacée par le silence froid des machines.

Après 21 jours, les poussins se retrouvent dans un monde où leur seule expérience d’amour maternel en est une d’absence amère de connexion. Âgés de quelques heures à peine, ces orphelins vulnérables seront bousculés sur des machines, manipulés brutalement, triés et séparés selon leur sexe, souvent en forçant les organes sexuels internes du nouveau-né à faire saillie, puis renvoyés sur le tapis roulant en route vers leur prochain supplice. Les femelles nouvellement écloses (poulettes) sont empaquetées et expédiées via le bureau de poste américain aux agriculteurs amateurs, aux amateurs d’élevage maison et aux magasins d’alimentation dans tout le pays.

Étant donné que 10 % de ces petits nourrissons meurent en transit dû au stress du transport et du confinement sans nourriture, eau ou contrôle de la température pendant 24 à 72 heures (parfois plus), le couvoir envoie toujours plus de poussins que demandé. Souvent, ces bébés supplémentaires, appelés « empaqueteur », sont des mâles qui ont été identifiés à tort comme étant des femmes ou qui sont simplement utilisés comme moyen d’empaquetage au lieu d’être rejetés par d’autres moyens.

2. QU’ARRIVE-T-IL AUX POUSSINS MÂLES?

Les 250 millions de poussins identifiés comme mâles (les coqs) sont tués le jour même de leur éclosion, car, incapables de pondre des œufs, ils sont inutiles pour le producteur d’œufs.

Leur bref séjour sur terre est rempli de peur, de confusion et de douleur, alors que les travailleurs les poussent à travers les sombres étapes de leur voyage, de l’incubateur à la fosse collective : tri, sexage, séparation, abattage.

Alors qu’ils sont jetés du tiroir d’éclosion, au tapis roulant, au plateau de tri, qu’ils sont malmenés dans le processus de détermination de leur sexe, qu’ils sont rejetés sur le tapis roulant vers les mâchoires broyeuses d’os d’un déchiqueteur, vers l’agonie de la chambre à gaz, vers l’horreur du sac d’étouffement ou vers la mort lente dans une benne à ordures remplie des corps morts et mourants de leurs frères, ces nouveau-nés ne cessent de piauler pour voir leur mère. Ils ne savent peut-être rien du monde de leur nouvelle vie, mais ils savent ceci : ils méritent de vivre, ils méritent d’être aimés et ils affirment cette certitude jusqu’à leur dernier souffle.

Les quelques jeunes coqs qui ne sont pas tués immédiatement sont utilisés comme matériel d’emballage pour les poussins femelles expédiées aux agriculteurs amateurs. S’ils atteignent leur destination vivants, soit ils sont abattus vers l’âge de 6 à 8 semaines lorsque leur sexe devient apparent, soit ils sont abandonnés dans des refuges pour être « euthanasiés ». Si les poussins sont éclos à la ferme, les coqs de chaque couvée sont tués « respectueusement » sur place, à l’aide « d’une paire de cisailles pointue, d’un couteau au cou, ou d’une hache et d’un billot ».

Sur les 500 millions de poussins pondus chaque année aux États-Unis, 50 à 60 % ne sont créés que pour être tués le premier jour de leur vie parce qu’ils sont mâles, tandis que 10 à 20 % sont susceptibles de mourir de stress ou d’autres facteurs. Ce sont les « déchets » de l’industrie des œufs : les mâles, les femelles « défectueuses », les malades et les blessés.

L’infanticide de masse étant à la base de la production d’œufs. Les écloseries produisent trois fois plus d’œufs que le nombre de poussins qu’elles comptent vendre, et le coût de manipulation et d’élimination des bébés « déchets » est inclus dans le prix demandé pour chaque femelle.

3. QU’ARRIVE-T-IL AUX PARENTS?

Les parents des futures poules pondeuses ont généralement le bec coupé en prévision d’une courte vie de confinement stressant. Le débecquage, c’est-à-dire l’amputation partielle du bec de l’oiseau, en coupant les os, le cartilage et les tissus mous, est si douloureux que certains oiseaux meurent de choc sur le coup, alors que d’autres, incapables de manger ou de boire, meurent lentement de faim ou de déshydratation. Les survivants endurent des douleurs chroniques toute leur vie, semblables à celles des membres fantômes, dans leur bec défiguré.

Les jeunes parents sont confinés dans des entrepôts géants où ils sont accouplés sans relâche pendant toute leur courte vie. Incapables de s’échapper du hangar ou de se défendre contre les coqs, les poules sont surabondamment montées, entrainant des blessures par écrasement, des os brisés, une grave perte de plumes, laissant des orifices douloureusement exposés et des ventres distendus.

Aucune de ces poules n’aura la chance de voir ses bébés. Chacun des 90 milliards d’œufs produits chaque année aux États-Unis provient d’une poule à qui on a refusé la liberté d’élever ses petits. Chaque année, à la fin de leur premier cycle de ponte, les poules qui survivent à l’épreuve de viols multiples sont jetées et remplacées par de plus jeunes reproductrices.

Les poules reproductrices « usées » sont tuées en masse par les moyens les plus rapides et économiques possibles, mais un petit nombre est vendu à un prix réduit aux petits agriculteurs qui utilisent les œufs de ces « parents d’abattage tardif » pendant un an ou deux avant de les tuer.

Lorsque les agriculteurs urbains achètent des poussins, ou des œufs fécondés qu’ils feront éclore dans des incubateurs artisanaux, les poussins et les œufs proviennent de ces parents oiseaux tourmentés.

4. Quelles sont les conséquences de la surproduction forcée sur le corps des poules?

Les poules en liberté, comme tous les oiseaux, ne pondent d’œufs qu’une fois par an (généralement au printemps) et juste suffisamment pour assurer la survie de leur espèce, soit en moyenne 10 à 20 œufs. Les poules domestiques ont été génétiquement sélectionnées pour pondre entre 260 et 300 œufs par an. En raison de cette manipulation génétique qui sert à produire un nombre anormalement élevé d’œufs anormalement gros, les poules pondeuses souffrent de nombreux troubles invalidants du système reproducteur, dont beaucoup peuvent être mortels.

Ces problèmes sont les suivants : l’adhérence de l’œuf (les œufs restent coincés dans l’oviducte ou y passent lentement et douloureusement, causant des infections dangereuses qui entraînent souvent la mort), le prolapsus utérin (en subissant une pression quotidienne pour évacuer de gros œufs, l’utérus de l’oiseau ressort par la zone anale ce qui entraine une infection douloureuse et une mort lente et atroce), des tumeurs de l’oviducte, la péritonite, et l’ostéoporose et les fractures osseuses qui en résultent.

Même lorsqu’elles sont rescapées et autorisées à vivre leur vie pleinement, de nombreuses poules pondeuses ne peuvent être épargnées de la douleur résultant des manipulations génétiques opérées au nom de la production des œufs.

5. Qu’arrive-t-il aux poules lorsque leur surproduction d’œufs diminue?

À l’âge précoce de 1,5 à 3 ans, soit une fraction de la durée de vie naturelle d’une poule, lorsque sa capacité à pondre un œuf presque chaque jour diminue, la poule est considérée comme « hors d’usage » et on s’en débarrasse par les moyens les moins coûteux possible.

Si elle est élevée dans un poulailler urbain, elle sera probablement « respectueusement » décapitée dans sa propre cour par l’une des personnes qu’elle connaissait et en qui elle avait confiance. Si elle fait partie d’un élevage « en liberté », elle pourrait être lancée dans un énorme baril en métal et gazée avec des centaines de ses sœurs terrifiées, elle pourrait être enfermée dans un hangar scellé et noyée dans de la mousse extinctrice, ou elle pourrait être destinée à un abattage de « basse priorité » (ce qui signifie que l’angoisse du transport et de tout le « processus » durera beaucoup plus longtemps).

6-Pourquoi les poules sont-elles parmi nous?

Comme tous les animaux domestiques, les poules sont isolées du monde naturel dans lequel elles ont évolué depuis des millénaires et sont forcées de rester à jamais vulnérables et dépendantes des individus qui profitent de leur souffrance et de leur mort. Coupées des structures sociales complexes qui régissaient leurs communautés libres, et confinées, sans possibilité de fuir, à un monde humain où elles n’ont aucune place dans le présent, aucun lien avec le passé et aucune possibilité d’un futur libre, les poules d’élevage n’ont aucun contrôle sur les aspects les plus importants de leur vie.
Les humains décident :
-0ù elles vivront;
-si elles connaîtront leurs mères;
-si, et combien de temps, elles s’occuperont de leurs poussins;
-quand, et si, on leur permettra d’être avec leur famille et amis;
-quand, comment et si elles se reproduiront;
-ce qu’elles mangeront, quand elles le feront et en quelle quantité;
-de combien d’espace de repos elles disposeront, voire aucun;
-si, et sur quelle distance, elles pourront se déplacer;
-quels soins vétérinaires elles recevront, si elles en reçoivent;
-quand, où et comment elles mourront.

7-Pourquoi considérons-nous les poules et les autres animaux comme de la nourriture?

Le corps et les sécrétions d’un autre animal ne sont pas là pour que nous les consommions, pas plus que le corps et les sécrétions d’un être humain. Manger des œufs (même de poules rescapées), ou les donner à des gens qui autrement achèteraient des œufs de poules en cage, ne réduit pas la souffrance, mais légitime, entretient, et exige la souffrance en cautionnant la même violence dont nous prétendons avoir horreur et contre laquelle beaucoup d’entre nous luttent pour y mettre fin.

La poule peut ne pas savoir que sa souffrance physique, son manque de liberté, son isolement et toutes les misères de sa vie lui sont infligés intentionnellement, systématiquement et uniquement pour la satisfaction sensorielle des humains, mais vous le savez.

Elle ignore peut-être que l’œuf fécondé duquel elle a éclos est le résultat d’un emprisonnement et d’un viol, ou que des poules comme elle sont le produit d’un infanticide de masse, mais vous le savez.

Elle ignore peut-être que le coût de l’abattage des nourrissons mâles, et des parents et poules « hors d’usage » est intégré au prix des œufs, mais vous le savez.

Elle ne sait peut-être pas que, si nous devenions véganes, les horreurs auxquelles elle et ses semblables sont soumis cesseraient, mais vous le savez.

Agissez en connaissance de cause. Devenez véganes et éduquez les autres au sujet de la violence et de l’injustice inhérentes à tous nos choix non véganes. Sauvez les poulets et les autres animaux (ne les achetez pas), respectez leur vie et souvenez-vous de toujours rendre leurs œufs aux oiseaux : ils en sont, après tout, les seuls propriétaires légitimes.

par Joanna Lucas